jeudi 26 octobre 2017

Moi aussi...

  Ces deux dernières semaines ont été difficiles pour ce monde qui est le nôtre.  C'est fou quand on pense à comment un simple geste peut prendre de l'ampleur et devenir précurseur ( on l'espère tous ) de changement.  Une prise de conscience importante a, je pense, été prise et on ne peut plus reculer et se fermer les yeux devant cette façon de faire qui ne respecte pas la beauté de cette humanité.  Oui, ces deux dernières semaines ont été pénibles pour nous, ceux et celles qui ont vécu ce drame horrible et qui ont répondu tous en coeur : '' moi aussi '' , mais combien libératrices.

  Quand quelqu'un entre sans ta permission dans ton intimité et se permet de prendre ce qu'il y a de plus personnel pour toi, il te marque à tout jamais.  Ce geste, d'une bestialité que l'homme est supposé avoir dépassé, tu as de la difficulté à le saisir, à le croire. C'est alors que ton cerveau prend le relais pour chercher des explications à une situation qui, en plus de te déchirer l'âme, ne fait aucun sens.  Tu te dis que c'est impossible qu'un être humain comme toi, fait d'amour et de beauté, t'arrache tes vêtements, t'arrache ton être pour le simple plaisir de la chair, de TA chair...  Tu essayes de trouver une réponse à quelque chose qui dépasse l'entendement et tu finis par croire qu'il y a sûrement des gestes et des paroles que tu as posés sans t'en rendre compte pour lui donner l'impression qu'il pouvait entré en toi.  Parce que, dans ta tête, l'être humain ne peut pas être aussi méchant.  Juste cette réalisation te fait tellement mal que tu décide machinalement, par instinct de survie, d'ôter ce qui c'est passé de ta mémoire et de continuer comme si la blessure n'existait pas.  Mais, cette plaie que tu as voulu ne pas voir existe réellement et quand même bien que tu t'épuiserais à mettre cinquante mille guenilles dessus, elle ne s'envolera pas.  Jusqu'à ce qu'un jour, tu ne sois plus capable de la supporter, que tu sois rendu ( e ) assez fort ( e ) pour t'en occuper.  C'est ce qui s'est passé avec moi, voilà maintenant deux ans, après 27 ans de dénigrement.

  Alors, à tous ceux qui demande :  '' Pourquoi ne pas en avoir parlé avant ? '' je réponds : je n'en avais tout simplement pas la force.  Comment aurais-je pu l'avoir après toute l'énergie que j'avais dépensée à me faire accroire qu'il ne s'était rien passé ?  Que même si il c'était vraiment passé quelque chose, ce n'était pas si grave.  Comment aurai-je pu, après un abus de confiance si grand, avoir cru que quelqu'un me comprendrait, m'aiderait ?  C'était plus facile de faire semblant, de devenir quelqu'un que je n'étais pas.  De laisser cette petite fille faible et naïve derrière moi et de sortir mes griffes pour affronter cet univers qui me semblait dorénavant tellement terrifiant.  Donc, pendant que je devenais cette guerrière qui s'épuisait à se protéger contre les supposés assaillants, je ne réalisais pas que la déchirure que m'avait causée mes réels agresseurs continuait de s'envenimer.  À travers ces différents combats que la vie m'a envoyés, durant toutes ces années, j'ai évoluée et je me suis enfin rendue compte que le mal de vivre que j'essayais de combattre venait de l'intérieur.  C'est alors que je me suis mise à creuser dans mes profondeurs pour faire renaitre ce que j'avais mis tant de mal à enfouir : le traumatisme de mes agressions sexuelles.

  Quand j'ai décidé que j'allais enfin regarder dans les yeux les démons qui me hantaient, je savais que j'avais du pain sur la planche mais, jamais au grand jamais je pensais que ce serait aussi ardu.  Maintenant, quand j'y pense, je vois clairement comment j'étais déconnectée de ma réalité.  J'avais tellement travaillé à cacher mes meurtrissures que je ne pouvais qu'entrevoir une infime partie du long chemin qui m'attendait.  Dans le fond, une chance parce que je pense que j'aurais pris mes jambes à mon cou !  Si j'avais vu les pentes escarpées, les denses forêts à défrichées et les tournants désarçonnants qui m'attendaient, mon courage m'aurait certainement fait faux bond.  D'autant plus que, pour la plupart des obstacles, c'était moi-même qui les avait placés...  Il fallait désormais que je convainque mon subconscient qu'ils ne m'étaient plus utiles, qu'il fallait maintenant les anéantir pour aller à la rencontre de ce qui me faisait le plus peur...  Juste cette phrase ne fait pas de sens quand on la sort de son contexte, imaginez donc le paradoxe qui s'est créé dans ma tête...  Tout de même, je ne sais pas comment j'ai fais, mais j'y suis parvenu.  Juste le premier pas me semblait impossible au début.  Je me rappelle encore de ma demande d'aide par internet...  J'ai accroché sur le mot '' agressions '' et cela m'a prit un bon 20 minutes à être capable de l'écrire.  Ma pensée que j'avais si bien programmée ne pouvait pas admettre ce mal qui m'avait grugé l'âme pendant une vingtaine d'années : j'avais été agressée sexuellement.  Même après deux ans de thérapie, ça fait encore bizarre.  Dire comment de '' simples '' gestes peut causer tant de tors...

  Ces ''simples '' gestes, comme je m'amuse si sarcastiquement à le dire, ils ont menés ma vie jusqu'à tout récemment.  Sans que je m'en aperçoive, ils ont façonné mon existence et ils ont diriger la plupart de mes pensées.  Moi qui pensais avoir vaincu, j'ai été victime pendant tout ce temps.  C'est encore difficile à admettre, mais c'est la vérité.  Jusqu'à temps que je me décide d'enlever toutes mes barrières de protection, d'aller voir plus loin pour comprendre mes mécanismes de défense, mes agresseurs ont eu le dessus sur ma vraie personne.  Je pourrais le voir comme une défaite, mais je le vois plutôt comme une victoire.  Même s'il m'a fallu bâtir une forteresse pour passer à travers une partie de ma vie, j'ai survécu.  Cette forteresse m'a obligé à aller voir ce qu'elle contenait et ce que j'y ai découvert est la plus belle chose au monde : celle que je suis vraiment.  Avec les deux semaines qui viennent de passer, je sais très bien que j'ai encore beaucoup de travail à faire pour me défaire de toutes mes guenilles, mais j'ai repris le contrôle de ma vie et ça, ça n'a pas de prix.  Tranquillement, mais sûrement je fais connaissance avec cette petite fille que j'ai laissé derrière.  Doucement, elle se fond avec la femme que je suis devenue et ensemble, nous devenons cette belle personne que je suis aujourd'hui.  Donc, c'est avec des yeux affectueux que je me regarde et que je vois une femme forte qui a su passer à travers quelque chose d'inhumain.  Parce que, tous gestes qui ne respecte pas l'intimité sexuelle de l'autre reste, à mes yeux, quelque chose d'abominable.

  Tout compte fait, même si j'ai vécu ces deux dernières semaines très intensément, je n'en changerais rien.  Parce que, j'aime mieux ressentir toutes mes émotions, bonnes et moins bonnes, au lieu de vivre comme une sorte de zombie qui se fait dominer par ces peurs.  Merci donc à toutes ces femmes et ces hommes qui se sont levées et qui ont courageusement affirmé leur allégeance au mouvement '' moi aussi ''.  Aujourd'hui, je me lève avec vous pour qu'ensemble on puisse transformer le monde de demain.

6 commentaires:

  1. C'est avec un "nouveau" courage j'en conviens que tu es parvenue à écrire ceci.
    La famille, les amis, les liens, les rencontres, les collègues... des fois ils nous bloquent, des fois ils nous aident, nous encouragent, nous soutiennent. Ça prend un peu de tout cela pour pouvoir faire face à la triste réalité qu'on refoule depuis trop longtemps par en-dedans. Ce que je comprends (sans en avoir été une victime) de ton cheminement et des faits qui ont pu t'arriver et te traumatiser, c'est que parfois, seuls le temps et la détermination peuvent nous permettrent d'enfin "expulser" cette tension enfouie qu'on croyait être prise dans nos veines, un peu à la manière d'une cure de désyntox! Maintenant que le méchant est sorti, fonces, sois forte et continues de sourire à la vie, car plus jamais tu n'auras ce poids à l'intérieur, il est sorti, laisses-le partir! Julie H. xxx

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    1. Merci pour ce beau commentaire xxx C'est avec plaisir que je le prends et je continuerai à fleurir pour vous partager ma beauté.

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  2. Bravo ma belle amie. Je t'aime Manon xox

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  3. j'ai partie pour les united state et j'y ai{aussi} laisse
    la petite fille qui{aussi]avait batis une forteresse mais revenue une femmes et sans mes guenilles love xxxx


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