Un partage extraordinaire

  Le projet trainait dans ma tête depuis un certain temps...  Je dirais même plus, l'envie d'échanger avec les autres qui partage la même planète que moi à toujours été très forte.  C'est, en effet pourquoi j'écris mes articles et pourquoi j'ai eu enfin le courage de mettre mon idée à exécution.  Parce que, pour dépasser la peur de me dévoiler qui me hantait, il fallait vraiment que le désir sois profond.  À bien y penser, c'est les situations de ma vie qui m'ont emmenées à ce moment qui m'a tellement comblé.  Parfois, lorsque l'on prend deux minutes pour regarder ce que notre existence a été, nous nous rendons compte qu'il y a un fil conducteur et le mien m'a amené à ce moment magique que j'ai vécu vendredi passé.

  Comme certains le savent déjà, mon fils et mon conjoint sont de ceux qui font partis du spectre du trouble autistique.  Mon fils va avoir 14 ans la semaine prochaine et la belle histoire d'amour que je vis avec son père dure depuis 18 ans.  Mon affection pour eux est sans borne et je remercie chaque jour le ciel de les avoir mit à mes côtés.  Depuis qu'ils ont été diagnostiqués, je me suis intéressée de plus en plus à ce trouble qui faisait soudain parti de ma vie.  J'ai même changé de carrière pour travailler avec ces enfants qui peuvent m'apporter beaucoup plus que je ne l'aurais jamais imaginé.  Mais, plus j'apprends à vivre avec eux et plus je vois un énorme manque en ce qui a trait aux adultes.  Étant un trouble décelé depuis relativement peu, les services et les informations manquent terriblement pour ceux qui ont atteint leur majorité.  C'est pourquoi, une fois mon fils étant bien, nous, mon conjoint et moi, avons pensé à partager notre expérience avec les autres qui vivaient sensiblement la même chose que nous.

  D'ailleurs, c'est tout-à-fait par hasard que mon amoureux rencontra une personne qui allait nous donner un grand coup de main : la présidente du Salon de l'autisme au Québec, Johanne Leduc.  Une personne qui m'a tout de suite impressionné tant son énergie est lumineuse.  Il n'en fallait pas plus pour me convaincre que la vie m'envoyait un signe ; je devais mettre mes talents aux services de cette cause.  De là naquit notre conférence que l'on nomma affectueusement : '' S'aimer malgré la différence ''.  Malheureusement la différence fait peur à beaucoup de gens quand elle peut être une grande source d'évolution et je me suis toujours dis qu'il était plus qu'important de faire connaitre ce bien qu'elle peut nous apporter.  Donc, cette conférence fut un long travail qui m'a donné beaucoup plus que n'importe quel projet auparavant.  Même si la nervosité de ne pas être à la hauteur me frôlait à tous bouts de champs, je savais que j'étais exactement où je devais être.  Il y avait une confiance et surtout, une volonté d'aller jusqu'au bout qui me portaient.  Bien sûr, la présence de mon bien-aimé m'a beaucoup aidé et je ne le remercierais jamais assez.  Une des nombreuses preuves que ceux qui sont différents de nous peuvent nous amener plus loin que l'on se croirait, nous-même, capable d'aller.  Alors, vendredi de la semaine dernière, nous partions, avec tous nos bagages, vers la destination de prédilection ; Lévis, où se tenait le dernier salon de l'autisme.

  Arrivés à destination, nous fûmes accueillis avec un enthousiasme hors du commun.  Étrangement, moi qui pensais que ma nervosité serait à son paroxysme, j'étais d'un calme étonnant.  Il faut dire que l'on ressent très fort ce lien qui nous unit tous, ceux qui vivent, de loin ou de proche, avec l'autisme.  Alors, quand je suis entrée dans la salle où nous allions lancé notre conférence, j'ai recentré mon énergie et je me suis sentie tout de suite à ma place.  Pour la première fois de ma vie, j'étais excitée de parler devant plusieurs personnes ; le stress était complètement absent.  Il faut dire que l'on s'était très bien préparé et que l'on parlait d'un sujet qui nous touchait directement.  La conférence commença et ce fût tout simplement magique !  L'énergie dégagée par l'échange avec les auditeurs me remplissait de joie.  Ils étaient tous assis, intéressés par notre discours et j'ai ressenti fortement qu'on leur apportait quelque chose.  Non seulement on leur donnait ce quelque chose, ils nous en redonnaient beaucoup plus juste en étant là, à nous écouter.  Notre exposé dura une heure et la période de question fût encore plus longue.  C'est un moment qui restera gravé dans ma mémoire à jamais, même après des centaines d'autres expériences semblables parce que ce fût la première.  Ce fût celle-là qui m'a véritablement confirmé que j'étais exactement à la bonne place, et que je faisait ce que j'étais venu faire ici-bas, partager avec les autres des expériences de vie.

  Finalement, je remercie tout le monde qui ont participé, de près ou de loin, à ce merveilleux projet.  Vous avez été pour moi plus que de simples participants ; vous m'avez démontré que je pouvais être capable de tout faire. De fond du coeur, je vous remercie et assurez-vous que je serai là pour ce qui est de faire connaitre le spectre du trouble de l'autisme.  Il faut montrer au monde entier cette différence que est, malheureusement, un trésor trop bien caché.